Face à la déferlante mondiale de l’IA, des start-up belges tirent leur épingle du jeu (2024)

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Reportage

Elles s’appellent Semactic, Leexi, Novable, Phoenix AI… Présentes, avec d’autres jeunes pousses wallonnes et bruxelloises, à la 8e édition du salon Viva Technology de Paris, ces start-up ont développé des solutions innovantes qui intègrent l’intelligence artificielle. Mais la seule IA ne suffit pas à convaincre les clients. Il en faut davantage pour se distinguer.

Pierre-François LovensJournaliste service Economie

  • Publié le 24-05-2024 à 18h56

Nos voisins français ont profité du salon Viva Technology, dont la huitième édition s’est tenue cette semaine à Paris, pour faire de la musculation sur le terrain très convoité de l’intelligence artificielle (IA). Du sommet de la République aux grands patrons du Cac 40, l’heure était à la mobilisation générale. Avec une même ambition : faire de la France un leader de l’IA capable de rivaliser avec les États-Unis et la Chine. À la veille de l’ouverture de Vivatech, le président Emmanuel Macron avait d’ailleurs rassemblé, à l’Elysée, les “stars” de la French Tech (entrepreneurs, investisseurs, chercheurs…) pour motiver les troupes. “La capitale des Lumières est en train de devenir une capitale de l’intelligence artificielle”, a lancé le Président français.

”L’intelligence artificielle sera au cœur de tout ce que vous verrez”, avait prévenu Maurice Lévy, président de VivaTech, qui est devenu le plus grand rendez-vous européen de la tech. Il était, de fait, difficile d’échapper aux “IA” et “AI” arborés sur les stands des start-up (plus de 2 500) et grands groupes (Orange, Meta, LVMH, Airbus, Amazon, Sanofi…). On a même eu droit à une “AI Avenue” sponsorisée par le groupe californien Salesforce.

De l’IA, mais aussi de l’humain

Face à la déferlante mondiale de l’IA, des start-up belges tirent leur épingle du jeu (3)

Fidèles au rendez-vous parisien, la Wallonie (Awex) et la Région bruxelloise (Hub Brussels) étaient présentes, à ce 8e Vivatech, avec un pavillon occupé par 17 start-up wallonnes et 10 bruxelloises. Plusieurs de ces jeunes pousses ont fait le choix de surfer sur la vague de l’IA. Avec un défi de taille : comment, face aux start-up (américaines, françaises, anglaises, chinoises…) financées à coups de dizaines de millions de dollars, se faire une place avec des moyens, humains et financiers, souvent très réduits ?

"Nous utilisons l'IA là où c'est nécessaire. Mais nos clients, souvent perdus, ont aussi besoin d'être conseillés et accompagnés dans la mise en oeuvre et l'exécution d'une solution."

Céline Naveau, co-fondatrice de Semactic

Présente en janvier au CES de Las Vegas, Semactic découvrait Vivatech. Et l’expérience a démarré sur les chapeaux de roues : dès l’ouverture des portes, un représentant de Bouygues Télécom a débarqué pour proposer une rencontre des deux fondateurs, Céline Naveau et Kevin Coppens, avec l’équipe marketing du groupe français ! “C’est pour ce genre de contact que nous sommes venus, s’enthousiasme la cofondatrice de la start-up wallonne. L’autre objectif est de pouvoir discuter avec des investisseurs”. Semactic a développé une solution de SEO (optimisation du référencement en ligne) combinant un logiciel “dopé” à l’IA avec un accompagnement personnalisé des entreprises. “On a eu l’occasion de tester la solution d’un gros acteur américain actif dans le SEO, a priori assez comparable à notre solution, et nous avons été rassurés, explique Céline Naveau. Avec Semactic, nous avons utilisé l’IA pour automatiser toute une série de fonctionnalités (recommandations stratégiques, tâches à mettre en œuvre, mesure de l’impact…), ce qu’on ne retrouve pas dans la solution de la société américaine”. Mais si l’IA aide Semactic à formuler des recommandations “très personnalisées et très détaillées”, la co-fondatrice insiste sur l’importance de la “guidance humaine”. “Nous utilisons l’IA là où c’est nécessaire. Mais nos clients, souvent perdus face à l’IA, ont aussi besoin d’être conseillés et accompagnés dans la mise en œuvre et l’exécution d’une solution”.

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Leexi, start-up bruxelloise spécialisée dans l’IA conversationnelle, a fait preuve d’anticipation par rapport au tsunami mondial de ChatGPT. “Nous avons été parmi les premiers, en Belgique, à nous connecter aux modèles LLM d’OpenAI (à l’origine des IA génératives, NdlR). Lors du lancement de ChatGPT en novembre 2022, nous étions prêts à démarrer !”, explique Xavier Lombard, CEO et co-fondateur de Leexi avec deux de ses fils. Leexi propose une solution permettant de générer automatiquement des comptes rendus structurés à partir de réunions ou de visioconférences. Là où la jeune pousse innove, c’est dans les fonctionnalités différenciantes proposées à ses clients (comme la personnalisation des comptes rendus avec le logo des entreprises) et l’obtention de la certification ISO 27001 (qui atteste de la conformité de la start-up aux normes de sécurité de l’information). “Le nombre de clients payants est passé de 50 à 2500 en un an et on en rajoute 500 supplémentaires, chaque mois, dans des secteurs très diversifiés. Notre ambition est d’être leader européen en nombre de clients payants d’ici la fin de cette année”.

L’IA au service du “corporate venturing”

Laurent Kinet, CEO et co-fondateur de Novable, était déjà présent à Vivatech en 2023. “Cela nous avait permis de générer énormément de leads (opportunités commerciales, NdlR) qui ont débouché sur la signature de cinq contrats”. Les exposants à Vivatech, qui sont à la fois les start-up et les grandes entreprises, se situent en plein dans la cible de Novable ; cette dernière a en effet développé un moteur de recherche de corporate venturing afin d’aider les grandes entreprises à innover “mieux et plus rapidement”. L’outil de “scouting” de Novable, alimenté par des algorithmes d’IA, identifie et sélectionne des start-up technologiques susceptibles de favoriser et accélérer l’innovation de grandes entreprises. Laurent Kinet et son associé Olivier Beaujean ne veulent toutefois pas se positionner sur le terrain de l’IA. “Nous ne sommes ni une boîte d’IA, ni une boîte de data. Novable propose une solution business, soutenue par une expertise technologique, qui garantit la survie des corporates grâce à de l’innovation ouverte”.

"Nos clients veulent de l'IA, mais ils veulent surtout avoir un fournisseur didactique et pragmatique, qui propose des solutions efficaces combinant hardware, software et IA. Cette approche, assez unique en Europe, est ce qui permet à Phoenix AI de se développer."

Laurent Renard, fondateur et CEO de Phoenix AI

Pour Laurent Renard, fondateur et CEO de Phoenix AI, Vivatech est devenu le salon qui génère le plus de retours sur investissem*nt. C’est à Paris que cette jeune société technologique du Tournaisis, spécialisée, dans l’IA embarquée (”Edge AI”, à savoir qu’on intègre de l’IA sur des cartes électroniques placées dans divers types de boîtier), de signer des contrats avec deux grands groupes français (”un groupe industriel du Cac 40 et une entreprise du secteur ferroviaire français”). Le Port d’Anvers a aussi fait appel à la pépite wallonne pour déployer une solution de détection des bateaux, avec identification et positionnement précis, approchant de la zone portuaire. “Avant d’être des datas scientists, nous sommes des ingénieurs de terrain, tient à préciser Laurent Renard. Nos clients veulent de l’IA, mais ils veulent surtout avoir un fournisseur didactique et pragmatique, qui propose des solutions efficaces combinant hardware, software et IA. Cette approche, assez unique en Europe, est ce qui permet à Phoenix AI de se développer”.

”Une belle peau de banane”

De passage à Vivatech, Simon Alexandre, directeur de The Faktory Fund (un fonds de capital à risque lancé par Pierre L’Hoest), adresse une mise en garde aux entrepreneurs et investisseurs fascinés par la vague de l’IA. “Je suis moi-même un gros utilisateur d’IA et nous avons investi dans plusieurs start-up actives dans l’IA (Penbox, AiVidens, xyzt.ai…), dit-il. Mais l’IA est aussi une belle peau de banane”. Autrement dit, on peut connaître d’incroyables succès, grâce à l’IA, mais on peut aussi s’y brûler les ailes très rapidement. Simon Alexandre privilégie les projets qui parviennent à combiner l’IA avec une très forte expertise sectorielle (biologie, santé, énergie, etc.) et une équipe de qualité. “L’IA pour l’IA sans parvenir à créer une réelle innovation et valeur ajoutée, comme ont réussi à le faire des OpenAI, Anthropic ou Mistral AI, je ne le recommande vraiment pas”. À bon entendeur…

Une véritable “bête” faite de métal et de caoutchouc, avec un design futuriste à la Blade Runner et des rugissem*nts tout en silence… Si Elon Musk n’était pas présent physiquement au salon Vivatech de Paris, cette année, le fantasque entrepreneur avait pris soin d’envoyer sa dernière créature : le Cybertruck. À l’image d’un groupe de rock en tournée mondiale, le pick-up électrique sorti des usines de Tesla a entamé, fin avril, une Cyber Odyssey qui le conduira dans plus de 100 villes à travers le monde, dont une vingtaine en Europe. Le bolide a été accueilli à Paris, cette semaine, par les organisateurs de Viva Technology (avec mise en scène organisée chaque matin, comme nous vous le faisons découvrir en vidéo ci-dessous). Une escale est prévue à Bruxelles, mais aucune date n’est communiquée par la marque californienne.

Le Cybertruck de Tesla débarque en Europe

Les mensurations du Cybertruck : 5,7 mètres de long, 2,4 m de large et environ 1,80 m de hauteur. Son poids : 2,995 tonnes. Son autonomie, estimée, est de 515 km et l’accélération, en beast mode, est inférieure à 3 secondes pour passer de 0 à 100 km/h. Et le prix ? En version quatre roues motrices, on se situe entre 80 00 000 et 100 000 dollars (chiffres officieux). Cela étant dit, l’engin n’est pas (encore ?) hom*ologué pour rouler en Europe.

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